Gratuité du bike park de Tignes : ITW exclusive de Sebastien Mérignargues, directeur de la station – 1/2

Sur le bike park de Tignes en 2010, nous avons eu droit à des nouveautés sur le terrain, comme chaque année, mais aussi à un gros changement marketing qui a fait parler de lui bien au delà du milieu du VTT : le bike park desservi par les remontées mécanique est devenu gratuit. Après 3 années, on dresse le bilan avec celui qui a pris cette décision : Sébastien Mérignargues, directeur de Tignes. Première partie aujourd’hui, la suite demain !

Sébastien Mérignargues

BikeSolutions : Pourquoi avoir décidé en 2010 que le bike park de Tignes allait devenir gratuit ?
Sébastien Mérignargues : Le bike park gratuit à Tignes s’inscrit dans une stratégie globale. Cette dernière a été définie en 2008 dans le cadre du business plan station 2009-2014. Elle concerne la saison estivale. La logique étant d’offrir des services et activités gratuits à l’ensemble des vacanciers ayant réservé leur séjour sur la station.
La gratuité du bike park est une étape de cette stratégie. Elle est arrivée après la gratuité de la carte multi activités Sportignes (2009) et avant de la gratuité des remontées mécaniques pour les piétons et randonneurs (2011).

BS : De manière générale, gratuité ne rime pas nécessairement avec qualité. Que pouvez vous dire pour rassurer vos clients à propos de la qualité du bike park actuelle et future ?
S.M : Il est impossible de tromper les pratiquants. Ils sont bien informés. Les différents supports spécialisés dans la pratique du VTT effectuent tous des classements, des voyages découverte ou des tests des différents bike park.
Depuis 3 ans maintenant, le bike park de Tignes est toujours classé dans le top 5 des bike park français par tous les supports. Les journalistes n’étant pas tous originaires de Tignes, on peut considérer que c’est un sérieux gage de qualité.
D’un autre côté, depuis 6 ans maintenant, le coût total du bike park pour la station oscille entre 150 000 et 200 000 € / an. Cela comprend les investissements et le fonctionnement.
Car si le client ne paye pas sur le bike park de Tignes, rien n’est vraiment jamais gratuit. Il y a toujours un coût.
Cette somme conséquente investie annuellement est aussi un gage de qualité.

BS : Suite à cette décision, la clientèle a-t-elle changé qualitativement ?
S.M : Pas tellement. Du moins pour les pratiquants habituels du bike park. Concernant cette clientèle traditionnelle, le gros changement a été leur nombre qui a largement augmenté. Par contre, l’offre gratuite du bike park a amené une nouvelle clientèle sur le site. Des pratiquants de vélo occasionnels qui ont été tentés en voyant les riders descendre les pistes de Tignes.
Cette  clientèle de découverte a permis le développement du nombre de magasins louant des vélos et des équipements. Car étant non pratiquants au départ, ils n’ont évidemment pas le matériel adapté. Pour la station, cette nouvelle clientèle nous a amené à proposer plus de pistes de descente et d’enduro accessibles avec un niveau technique moindre du pratiquant.
L’effet très positif, c’est que cela permet de toucher des jeunes enfants de 7 à 8 ans jusqu’à des retraités de 70 ans.

Sébastien est un peu à l’image de Tignes : il fonce !

BS : Il y a des nouveautés chaque année sur le bike park de Tignes, à quoi peut on s’attendre en 2013, voire au-delà ?
S.M : Heureusement qu’en investissant 200 000 € / an sur le bike park, il y a toujours des nouveautés ! c’est aussi logique car la pratique est récente. Le bike park à Tignes n’a pas encore 10 ans. Il est en plein développement.
Pour cet été 2013, la société des remontées mécaniques remplace le télécabine de l’aéroski. Les travaux avaient commencé l’été dernier et ils se termineront cet automne. Cette remontée ne sera donc pas utilisable cet été. Mais l’année prochaine, ce sera un télécabine plus performant qui sera mis à disposition des riders.
Pour cet été 2013, c’est le télésiège débrayable des Tufs qui remplacera l’aéroski et permettra de desservir les pistes de Tovière.
Toujours pour cet été, la grande nouveauté sera l’ouverture de 2 pistes enduro permettant de descendre jusqu’au village des Brévières à 1500 m d’altitude. Ces pistes seront totalement nouvelles et très ludiques. Elles nécessiteront un bon niveau. Et pour en profiter pleinement, Tignes mettra à disposition des VTTistes 2 navettes de 9 places chacune, équipées de remorque qui permettront de ramener les riders jusqu’à Tignes le Lac à 2 100 m. la rotation aura lieu toutes les ½ heures. Bien évidemment, ce sera là encore un service gratuit.
L’année dernière, Val d’Isère et Tignes ont décidé d’unir leur bike park. L’expérience se prolonge en 2013. Val d’Isère a un programme ambitieux de développement de son domaine. Et dès cet été 2013, Val d’Isère offrira une gratuité totale du bike park à l’équivalent de ce que Tignes pratique depuis plusieurs années.
Pour les années à venir, il est évident que le développement du bike park relié Tignes/Val d’Isère offre un potentiel fabuleux particulièrement dans la logique de l’enduro, compte tenu de l’immensité des espaces accessibles.
Au niveau des partenaires, nouveauté cette année avec Powerade et Jeep qui s’impliquent sur le bike park dans le cadre de leur partenariat station valable lui à l’année.

BS : Pour la station, si vous deviez donner l’avantage principal qu’a engendré la gratuité du bike park, qu’est ce que ce serait ?
S.M : La fréquentation ! la croissance est spectaculaire. Nous sommes passés de moins de 24 000 passages en 2009 à plus de 110 000 en 2012. Il s’agit d’abord d’une clientèle de séjour même si les clients journée sont de plus en plus nombreux. Dans tous les cas, c’est un apport de trafic considérable pour Tignes sur la saison d’été.

 

Demain mardi, Sebastien nous parlera entre autres du défaut principal de la gratuité, il répondra aussi à ceux qui ont pas mal critiqué cette décision dans le microcosme de la montagne. A demain pour la suite!

 

BikeSolutions accompagne Tignes dans le développement et l’exploitation de son bike park depuis 2009, et même depuis 2005 par l’intermédiaire de Maxime.

 

 

Crédit photo de l’image principale Tistan Shu