Accidentologie VTT au bike park de Whistler : Analyse d’une étude médicale

Le nom de Whistler mountain bike park revient régulièrement au moment ou il s’agit de citer une référence en matière de développement de l’activité VTT, sur de nombreux points de vue. En Juin 2012, une étude publiée par la « Wilderness and Environmental Medecine » fait le point sur les blessures enregistrées tout au long de la saison 2009.

On peut consulter l’étude ici. Attention, elle ne concerne que le bike park desservi par les remontées mécaniques, sont exclus les blessés provenant des circuits de XC, ou du bike park indoor.

L’information principale : le centre médical de Whistler a accueilli 898 personnes qui se sont blessées sur le bike park. Cela n’inclut ni les personnes qui ont été évacuées directement vers l’hôpital de Vancouver, ni celles qui se sont blessées sans aller au centre médical. Les managers de la station ne délivrent pas leurs statistiques, on ne saura donc jamais combien d’accidents il y a réellement. On ne peut pas non plus connaître la fréquentation exacte, mais il semble sûr qu’elle est supérieure à 120.000 visiteurs par an.

Bienvenue sur le bike park de Whistler !

898 personnes, cela représente 5% des visites annuelles au centre médical.

Cela représente un taux d’accidents compris entre 5 et 10 accidents pour mille forfaits vendus. Un taux finalement assez élevé qu’on aimerait bien comprendre (Tignes et les Saisies, par exemple sont plus proche d’1 pour mille)… Pour cela, malheureusement, l’étude n’analyse pas les circonstances des chutes, mis à part que seuls 4 cas sont liés à une collision, le reste concerne des pertes de contrôle du VTT. Mais ou? Comment? Voilà des infos essentielles à l’analyse, qu’on n’a pas…

Il nous aurait donc fallu une idée du type d’obstacle sur lesquels les accidents sont les plus fréquents (sauts, modules bois, pierriers, berms etc…), et surtout des statistiques sur le niveau de piste sur lesquels se passent les accidents. C’est fondamental, car lorsque l’on regarde le plan des pistes de la station, on se rend compte que sur 50 pistes (oui oui, 50 pistes de descente…), il y en a 35 qui sont de niveau difficile ou très difficile. Bien sûr, vu la notoriété de Whistler, beaucoup de passionnés viennent de loin, et viennent rouler les parcours noirs et double-noirs. Même si on ne peut pas le confirmer par des statistiques, on peut avancer que ces pistes de niveau noir ou supérieur sont plus fréquentées que les autres (la piste mythique A-line, selon les locaux, supporte 2 à 3000 passages par jour lors des pics de fréquentation). Disons le : ces pistes sont réellement « difficiles » ou « très difficiles » et lorsqu’on les a roulé, on ne s’étonne pas qu’il y ait des accidents : certains éléments dangereux ne sont pas vraiment signalés localement, même si au départ des pistes on est bien informés de ce qui nous attend.

Bienvenue sur la piste Dirt Merchant ! Vous êtes prévenus, la piste va être compliquée, il faut s’attendre à tout…

Le texte décrit également la population qui a des accidents, or celle-ci ne reflète pas du tout la population qui fréquente le bike park. Par exemple, 30% de la fréquentation totale du bike park est constitué de femmes, or celles ci ne représentent qu’un peu plus de 10% des blessés. De plus, l’âge moyen des visiteurs est plutôt proche de la trentaine, alors que les personnes accueillies au centre médical sont plus jeunes… Sans surprise, cela montre que l’accidentologie se concentre sur les profils à risques : homme entre 20 et 30 ans !

Ensuite, l’étude parle essentiellement des types de blessures du point de vue médical. Ce qu’on va en retenir, c’est que l’essentiel des blessures se situe sur le haut du corps, une écrasante majorité des fractures concerne les épaules (clavicule y compris) et les poignets (plus de 50% des fractures pour ce deux seuls éléments du corps). Ces détails un peu morbides ont une utilité : cela démontre qu’il est absolument nécessaire d’éduquer les clients pour qu’ils portent des protections à ces endroits (armures complètes et gants renforcés, en plus du casque intégral et genouillères). Et puis, si cela donne des idées au fabricants de protection à propos d’une protection spécifique pour le poignet (qui n’existent pas), eh bien ce sera une belle avancée!

Comment a régi la station de Whistler à la publication de cette étude ? Voir ici.

Cette réponse pleine de sens selon nous confirme ce que l’on voit sur le terrain : de gros efforts sont faits sur l’éducation, sur la configuration des pistes, sur la responsabilisation des clients et la nécessité de prendre des cours pour les débutants. La réponse est clôturée par une info que BikeSolutions a déjà énoncée plusieurs fois : à éléments de comparaison égaux, les statistiques d’accidentologie en VTT de descente ne montrent pas que cette activité est plus dangereuse que le ski.